Serge Perrotin – Chami – Terra Incognita – Episode 1
Satisfaits de notre mise en jambes sur un récit court (voir post précédent), avec Bernard Chami nous décidons d’attaquer la réalisation des premières pages du tome 1 de la série Terra Incognita.
Cinq planches qui figureront dans le dossier que nous enverrons aux éditeurs.
Nous prenons notre temps. Nous souhaitons mettre toutes les chances de notre côté.
Bernard dessine sur des grands formats et je le pousse vers un travail de plus en plus réaliste.
On storyboarde, on esquisse (enfin, surtout lui:-) on échange, on rature, on recommence…
Nous nous voyons une fois par semaine au cours d’un footing suivi d’échanges passionnés autour du futur album. Nous en sommes sûrs, cette fois-ci sera la bonne, le contrat sera au bout du chemin…
Les personnages principaux s’incarnent progressivement et nous avons bientôt cinq pages de belle facture.
Nous demandons à l’ami Jean Verney de mettre en couleurs quelques planches afin de donner plus de poids au dossier. Nous envoyons le tout aux éditeurs de la place.
Les « gros » ne répondent pas ou déclinent. Mais très vite, deux « petits » se manifestent.
Il s’agit de deux nouvelle structures : Nucléa et Pointe noire. Nucléa vient d’avoir son premier succès avec le tome 1 de la série Merlin.
Nous aimons le façonnage des livres et les maquettes de cet éditeur.
De plus, leur ligne éditoriale nous semble plus cohérente que celle de Pointe noire.
Nous optons donc pour Nucléa.
Je rencontre son patron, Yves Chelet, au festival d’Angoulême 2001. Chelet est un honnête homme, animateur des éditions Nucléon, qui se lance dans l’édition de bandes dessinées alors qu’il pourrait profiter pleinement de sa retraite de scientifique.
Nous tombons vite d’accord et je reprends le chemin de la Vendée avec un contrat en bonne et due forme.
Galvanisé, Bernard, s’investit corps et âme dans la réalisation de l’album.
Celui-ci est bien avancé lorsque – coup de tonnerre – nous apprenons qu’Yves Chelet vient de vendre Nucléa. Le repreneur s’appelle Jean-Baptiste Gilou, ex directeur des Humanoïdes associés et responsable des éditions La Sirène et Horizon illimité.
Nous sentons venir le vent du boulet car un album signé, mais non terminé, est toujours fragilisé par rapport à ceux qui ont déjà trouvé leur public.
De plus, ce choix artistique étant celui du fondateur de la maison qu’en sera-t-il des goûts du repreneur ?
Nos craintes sont vite dissipées car le nouveau patron a repris la totalité du catalogue de la maison.
Catalogue comprenant les albums parus et ceux à paraître.
De plus, JB Gilou que je rencontre rapidement, me dit apprécier notre travail.
Nous pouvons terminer sereinement notre Terre Incognita 1. Il paraîtra sous un label qui s’appelle désormais Nuclea2…
Source : Facebook Serge Perrotin